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Toasted brioche, bluberries, chestnut cream and toffee | Brioche perdue, myrtilles, crème de marron et caramel



C’était un vingt septembre, je posais ma valise et quelques cartons de livres dans un appartement au Nord de Paris. Le parquet était d’origine, en chêne verni, les murs étaient tapissés de fleurs et les portes vitrées laissent entrevoir une succession de pièces rarement occupées. Les fenêtres étant restées closes des semaines durant, une odeur particulière d’humidité et de bois se dégageait.
La cuisine laissait croire qu’elle avait été quittée à la hâte, une vieille théière sur le gaz, quelques tasses sur le plan de travail et dans l’évier en grès, une chiffe.
Par la lucarne, j’apercevais Paris qui me semblait encore immense, inconnue, impressionnante. Je me demandais alors si un jour je pourrais orienter le badaud perdu, si je serais capable de lui indiquer le chemin pour rejoindre Le Louvre, Saint-Michel, Montmartre ou le marché des Enfants Rouges.
Je débarquais dans cette gigantesque métropole avec un diplôme en poche mais aucune opportunité professionnelle se profilant à l’horizon. Je me répétais que si j’étais venue ici c’était pour cela, pour le travail et puis tout le reste : la richesse culturelle, la diversité des foules, les amitiés à nouer, mon avenir à faire fleurir.

Des années ont passé, j’ai bringuebalé ma valise ici et là. Je me rappelle de ce petit appartement de Monte Cristo, ses recoins et alcôves, sa salle de bain de la taille d’un mouchoir de poche. Des fêtes y ont eu lieu, par des chaleurs étouffantes, fenêtre sur cour et les rires qui rebondissaient sur les murs voisins. Les premiers sapins de Noël, que je portais sur l’épaule depuis la place de la Nation et que je m’évertuais à monter jusqu’au sixième étage, emballée, prise en proie à une fureur festive. Et puis les flocons de février, la délicatesse avec laquelle ils se posaient sur les toits de tôle grise s’étalant à perte de vue, les milles cheminées caractéristiques se découvrant sous cette couverture blanche. Le quartier était mouvant, j’aimais y flâner, je découvrais son dynamisme. J’avais mes habitudes au café du coin : le café/croissant quand venaient les vacances d’été, sur une terrasse à l’ombre des platanes, la boutique de vêtements, tenue par une jeune femme aux cheveux noirs de jais et la boulangerie où toujours j’allais chercher ce merveilleux pain au lait à sa sortie du four.

Les saisons défilaient à vive allure et j’ai découvert Montmartre, ses squares débordants d’enfants, la rue des Martyrs et ses commerçants aguerris, avec qui toujours j’avais un mot. Le primeur connaissait mon goût pour les fruits de saison, mes yeux ronds comme des ballons devant les premières cerises. Le petit magasin de vaisselle qui a accueilli sous ses cloches de verre layer cake, carrot cake et pain d’épice quant décembre arrivait. C’était un bal de poussettes tôt le matin et un concert de tintement de verre tard le soir. Ce quartier était véritablement rythmé par ses habitants qui en étaient le poumon.

Il n’aura pas fallu longtemps cependant avant que j’adopte le vingtième arrondissement et ses maisons cachées. J’aimais ce village, ses rues pavées. Les librairies qui bordaient les trottoirs et le fleuriste qui toujours me surprenait par ses compositions audacieuses. Les buttes Chaumont étaient à deux pas, je parcourais alors la rue de la Villette à grande enjambées pour retrouver ses montées et descentes. Des montagnes russes de nature jonchées de marrons quand l’automne renaissait. Il y avait, en contrebas de la rue de Belleville, un restaurant chinois où je dévorais de délicieux raviolis et l’aubergine braisée. Si je poussais un peu, j’arrivais à l’angle de la rue Saint-Maur et je passais des heures au comptoir du Jane Café. Véritable buvette de quartier où les habitués se retrouvaient pour se raconter les anecdotes de la semaine avant que leurs paupières n’en tombent, les vapeurs d’alcool aidant.

Les Abesses, Lamarck, furent la dernière destination de mes pérégrinations parisiennes. La maison était bordée de toute part par les commerces de bouche. J’arrivais ici pour quelques semaines, quelques mois, je ne savais pas bien encore.  L’odeur du pain chaud me réveillant quand toujours dans mes somnolences. J’avais fait de ma chambre aux murs blancs, un cocon, un nid dans lequel j’appréciais me réfugier. On y retrouvait une collection de souvenirs : des photos de mes voyages, des portraits de mes amis. J’étais toujours heureuse d’entendre la porte claquer le soir, un peu comme lorsque j’étais enfant, je savais que Constance ou Valérie rentraient. Que nous allions nous installer dans le salon et entamer d’interminables conversations autour d’un verre de vin, ou en dégustant un délicieux jambon italien, ou un plat de pâtes, souvenirs de nos escales estivales.
Sur mon balcon, perchée, j’aimais regarder l’agitation en contrebas et deviner les conversations. Souvent j’apercevais les touristes, épuisés d’avoir grimpé les hauteurs montmartiennes et se régalant d’un « Parisien », fameuse Tradition, à la mie alvéolée, tartinée de beurre et garnie d’épaule et de fromage.

L’Automne était là et portait en lui espoirs et promesses. Les feuilles brunissaient, dans un souffle l’or, le rubis et le cuivre dansaient dans le ciel. La lumière se voulait plus basse, rasant les stores des échoppes à l’heure du thé. Je recouvrais mes épaules d’une écharpe en laine et je sentais que progressivement je me détachais d’elle, de son tumulte, de son agitation. Au creux du ventre, une appréhension certaine mêlée à l’enthousiasme des nouveaux départs. 10 ans. Paris m’avait portée, exaltée, surprise, aimée. Paris m’avait appris dans la douceur et parfois la rudesse. Paris m’avait accueillie et ce soir Paris me disait au revoir. Comme une vieille connaissance, comme une amie à qui l’on dit « je t’écrirai ».

Paris me quittait quand je quittais Paris.




INGRÉDIENTS POUR 4 PERSONNES :

4 tranches de brioche
20 cl de lait
40 g de sucre
2 oeufs
125 g de myrtilles
150 g de crème de marron
Sauce caramel

PRÉPARATION :

1. Dans un saladier battre ensemble les œufs, le sucre et le lait.

2. Faire chauffer 20 g de beurre dans une poêle. Imprégner les tranches de brioche du mélange au lait sucré. Faire cuire la brioche jusqu'à obtention d'une belle couleur dorée.

3. Disposer la brioche perdue dans des assiettes et garnir de myrtilles, de crème de marron et de sauce caramel.



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Fig, strawberry, honey and basil salad | Salade d'été aux figues, fraises, miel et basilic




La nuit approchait, elle venait embrasser le soleil, comme pour lui dire de se retirer et laisser à la lune son tour de briller, d’allumer les voûtes astrales. Le sable était désormais frais sous nos pieds. Fin, il glissait entre nos orteils, caressait nos peaux dorées. La lagune était tel un drap de soie, ondulant avec délicatesse depuis l’horizon jusqu’à nous. Sa surface laissait admirer le reflet des brumes éparses, ses plis se voulaient sensuels, tout en volupté. Il y avait ces voiles, comme des mouchoirs, qui s’agitaient au passage des embruns. Et cette légère brise qui portait en son creux les parfums d’hortensia, de laurier et d’aster, émanant des jardins contigus.

La lune était argentée, comme une agate blanche suspendue à un fil imaginaire. Sa robe éclatante miroitait dans l’eau au calme olympien. Aucun bruit sauf celui des clapotis. Pas une silhouette alentour, nous étions seuls avec pour spectacle l’immensité. Les étoiles dansaient dans le ciel, véritable ballet de corps célestes s’exécutant à d’imaginaires arabesques,  entrechats et pirouettes.

Nous décidions alors d’agrémenter ce spectacle, de lui donner sa particularité. Délicatement, nous dépliions ces bulles de papier de soie, du bout des bras nous leur faisions prendre toute leur ampleur en invitant le vent à s’y engouffrer. Puis avec toute la dextérité que l’exercice requérait, nous allumions leur base. L’air chaud gonflait ces ballons qui soudainement s’élevaient dans l’atmosphère. Ils rejoignaient nos danseuses, s’invitaient au bal, portés par nos vœux et espoirs profonds. Nos regards fixaient ces points incandescents jusqu’à ce qu’ils s’échappent vers les coulisses, un bref salut lancés à notre intention. Les filantes firent leur entrée sur scène, époustouflantes, elles traversaient les cieux arqués avec précipitation, suivies par des étincelles, nous avions le final tout en élégance, en reflets opalins, la troupe riait, virevoltait à nous en faire tourner la tête. Les nuées, tels des jupons de tulle fin et fluide, se déplaçaient en cadence  et fermaient le mouvement.

Vint alors l’heure de baisser le rideau, de laisser aux étoiles le temps de se retrouver pour rejouer, peut être demain, leur pas de bourrée. Nous tournâmes alors le dos à l’océan et en silence nous reprîmes le chemin de la maison, éclairés par nos rêves à n’en plus finir.


INGRÉDIENTS POUR 4 PERSONNES :

12 figues de taille moyenne
150 g de fraises
250 g de ricotta
50 g de pignons de pin
Quelques feuilles de basilic
Un peu de miel

PRÉPARATION : 

1. Laver et couper les figues en deux ou en quatre selon leur grosseur. Faire de même avec les fraises.

2. Disposer les figues et les fraises dans quatre assiettes, ajouter quelques billes de ricotta (formées à l'aide de deux cuillères à café). Parsemer de petites feuilles de basilic et de pignons de pin. Agrémenter de miel à souhait.




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